Actualité des combats de Pierre Dufau

Pendant des lustres Pierre Dufau s'est battu contre l'idée que Paris duit être considéré comme un musée où il serait interdit de construire, sinon en "architecture d'accompagnement", c'est à dire du faux Hausmann débilitant "qui ne se voit pas".

A sa mort le combat n'a pas trouvé de champion. Les architectes se sont tus. Les Ordres se sont perdus dans leurs minables ambitions démagogiques.  Paris s'est endormi. 20 ans plus tard, Paris souffre la comparaison avec pratiquement toutes les villes du monde qui ont incroyablement investi dans des bâtiments de leur temps. On va à Londres ou à Berlin ou encore à Shangaï ou Pékin pour voir des immeubles symboliques de leur époque.

Un intéressant article du JDD daté du 21 septembre analyse les causes de la crise touristique qui a frappé Paris pendant l'été 2008. Bien sûr les considérations conjoncturelles sont dominantes. Mais l'enquête souligne que "la capitale est jugée trop frileuse en "gestes architecturaux". Pas création audacieuse. Les touristes viennent aussi pour être dérangés".

Le message semble être compris par le Maire. Delanoé fait appel aux deux architectes suisses du nid d'oiseau, Harzog et de Meuron, pour une réalisation ambitieuse bien que très massive.

Et oui : des architectes étrangers. Une fois de plus. Il appartenait aux architectes français de faire preuve d'audace et de combativité. Ils ne l'ont pas fait pendant plus de 20 ans.   Les meilleurs s'expriment à l'étranger.  Tout cela avait été prédit par Pierre Dufau d'une façon explicite. Il importe que son combat soit repris par les jeunes architectes français de talents  ici et maintenant. Pas de créativité sans création ; pas de dynamisme sans créativité ; pas d'architecture qui en vaille la peine sans dynamisme ni ambition.

Paris ne doit pas devenir Kyoto !

 

Pierre Dufau : un exemple de probité architecturale.

On n’a pas l’habitude de juger d’un architecte ou d’une architecture en termes de probité.  A l’occasion du centenaire de la naissance de Pierre Dufau c’est pourtant ce mot là qui s’impose.  Pierre Dufau aura été l’architecte de la probité et ce legs à lui seul vaut l’hommage qu’on lui rend aujourd’hui : il parlera aux jeunes générations d’architectes et d’amoureux de l’architecture.

La probité, Pierre Dufau l’entendait d’abord vis-à-vis du client et des usagers des bâtiments qu’il construisait.   

Prenons l’exemple du Plessis Trévise, en 54.  Il s’agissait d’urgence. L’urgence pouvait commander n’importe quoi et l’Abbé Pierre avait des idées bien arrêtées : « des hangars avec un poêle au milieu ! ».  Inacceptable pour Pierre Dufau.  Aussi sommaires que fussent les pavillons à construire ils devaient obligatoirement à ses yeux :

-          Eviter toute promiscuité, en séparant la couche des enfants et celles des parents.

-          Permettre une hygiène maximum même si le coin douche ne pouvait être que très sommaire

-          Créer un environnement sain avec un maximum de lumière.

Il imposa cette manière de voir avec l’aide du Ministère.  La misère est un sujet grave qu’il faut aborder avec probité en se souciant d’abord des  pauvres gens à secourir. Même s’il faut un peu batailler avec les stratégies diverses  d’une ONG méritante.

La probité consistait aussi à ne pas perpétuer bêtement  des conventions qui n’avaient plus lieu d’être. Dans les logements la cuisine était de grande tradition bourgeoise renforcée par Haussmann confinée à une fenêtre sur cour.   Sans être un doctrinaire du féminisme il n’admettait pas cette architecture méprisante pour une « bonne à tout faire » en voie de disparition.  Dans tous ses logements la cuisine donne sur la vue principale et dans la mesure du possible il a fait disparaître les cours, comme on le voit notamment dans l’immeuble du 4 rue Oudinot.  Cinquante ans plus tard ces idées ont triomphé pratiquement partout.  Mais combien de moquerie il a essuyé  quand il les a mis en œuvre le premier.

Dans  la réalisation de la cité scolaire d’Amiens, il refuse l’idée du lycée caserne où le gamin doit souffrir.  Il crée un immense espace vert. Pour les enfants, leur détente, leur récréation et leur…dignité.  C’est le premier « campus » de l’histoire architecturale de France. Et ce n’était pas pour des étudiants mais pour des scolaires !

Dans ses immeubles de bureaux il se fait le théoricien et le premier architecte praticien  d’espaces collectifs de haute qualité pour tous, cadres comme employés.  Il révolutionne le « restaurant d’entreprise ».  Il refuse la théorie haussmannienne de l’immeuble de rapport : un étage de luxe pour les patrons ; des sentines pour les autres.   Pour tous il y aura du marbre dans les parties collectives,  des décorations soignées,  un effort de confort inégalé.  C’est là une forme de probité sociale qui sera une constante de ses conceptions.  Ce n’était pas l’architecte des escaliers spéciaux réservés aux cadres et des cabinets secrets pour dirigeants  snobinards.

La probité, il l’a voit aussi vis-à-vis de la technique.  Ce n’est pas une maladie honteuse.  Elle a sa vérité et sa force.  Il l’a met en musique pour lui faire donner ce qu’elle a à donner.  Le radôme de Chinon en est un des plus frappants exemples.  Mais plus humblement il cherchait à faire en sorte que toutes les zones techniques soient soignées le plus possible alors que jusque là  elles étaient traitées avec le plus grand mépris.  Chaufferie immaculée,  salle électrique futuriste,  Pierre Dufau considérait que les soutiers  des salles des machines avaient des droits.

On dira : voilà certes des préoccupations  honorables et bien venues mais est-ce là de l’architecture et que veut dire « probité » en architecture ?  

C’est évidemment de l’architecture.  Peut être veut-on parler de formes  et d’esthétiques extérieures ?  La probité ici consiste à ne tromper  personne.  Pas de gestes architectural gratuit, pas d’emphase, pas de décorations outrancières, pas de polychromie,  rien de ce qui permet de noyer dans les frous- frous  de la mode , de l’accessoire ou du maniérisme la vérité d’un ouvrage, fut-il d’avant-garde ou ultra moderne.  Il craignait que la chaleur  artificielle empêche que s’épanouisse  la lumière fondamentale d’un ouvrage.

La probité c’était aussi une sorte de modestie.  Beaucoup des ouvrages commandés à Pierre Dufau étaient littéralement énormes et en danger d’imposer leur masse à tout l’environnement.  Que d’efforts  alors pour rendre modeste et discret ce qui pouvait être excessivement imposant !  Que l’on pense par exemple à l’hôtel Méridien Montparnasse, et ses mille chambres. Il est mis de travers par rapport à la rue ; une terrasse permet de  cacher partiellement l’emprise de l’immeuble. Les façades sont traitées verticalement avec une couleur blanche et des lignes de fuites noires pour étirer la perspective.  On évite le plus possible les grands plans. La façade est divisée en de multiples fragments.  Un des plus grands bâtiments de Paris est aussi un des plus discrets.

L’architecture impose de multiples arbitrages. La probité consiste à éviter qu’ils tournent à la compromission.  Non, décidemment non,  arbitrer n’est pas se compromettre. D’où de multiples combats  contre tout ce qui interdit la vérité de l’œuvre qu’il s’agisse de réglementations absurdes, de contraintes indues imposées par des nuls,  ou de mentalités perverses alimentées par des démagogues.  Rien de pire que « l’architecture d’accompagnement »,  que le renoncement à son temps,  que la soumission aux oukases  de la mode ou de l’ignorance.   

Oui, la probité était d’accepter son temps, ses techniques, ses risques aussi.  Sans se mettre en avant par des gestes certes passionnants pour les critiques d’art mais désastreux pour les maîtres d’ouvrages et  invivables pour les résidants. 

Pierre Dufau a toujours été à la pointe des combats où il y avait des coups à prendre au service de la profession et de l’exercice plein de la profession d’architecte mais s’est toujours tenu modestement loin derrière les besoins de ceux qu’il servait.   

Pierre Dufau n’a jamais été au service de lui-même, répétant inlassablement les bonnes formules  de succès faciles.  Chacune de ses œuvres est unique et originale.  Quelles similitudes entre le Palais des sports de Paris, le siège de Safran,  l’hôtel  Méridien Montparnasse,  la Mairie de Créteil, La présidence de la république de Côte d’ivoire, le siège d’AXA à Bruxelles ? Aucune assurément.

Mais chaque ouvrage apprenait quelque chose à l’agence et cette accumulation de savoirs servait pour la suite.  Pierre Dufau ne croyait pas à l’architecte génial dessinant le soir sur la nappe de la salle à manger familiale.  Il croyait au savoir accumulé par des équipes partageant des valeurs. 

On ne partage pas sans probité.

Réflexions sur l’Ordre des architectes

J’ai participé comme Grand Massier de l’Ecole des Beaux Arts puis comme président de l’Union des Etudiants de Paris aux négociations menées par Jean Zay pour réorganiser les études d’architectes et plus généralement les conditions d’exercice de la profession. Pour moi, il s’agissait d’abord de sortir l’école et la profession du marasme qui les frappait durement depuis le déclenchement de la crise de 29,  marasme aggravé par la construction de la ligne Maginot qui privait la construction de l’essentiel de ses matériaux.

L’école dispensait alors  un enseignement remarquablement peu technique, avec des moyens  remarquablement faibles,  dans des lieux d’une remarquable laideur.  Mais elle avait ses qualités : l’enseignement n’était pas seulement livresque. Dans l’espèce d’anarchie qui  y régnait partout, finissaient par se développer des qualités indispensables au métier.  Il fallait remédier aux lacunes sans pour autant gâcher ce qui faisait la spécificité d’un enseignement  qui comme la médecine avait l’avantage de faire appel autant  à la pratique qu’à la théorie.

La philosophie professionnelle était entièrement tournée vers l’exercice libéral d’un architecte « artiste » signant ses façades comme un peintre ses toiles.  La belle exécution du  dessin de détail avec un « rendu » élégant  était la base de tout.  Pour certains des professeurs le grand débat portait sur la taille des cariatides à intégrer dans les façades et sur le caractère désolant ou non des sortes de vagues qui  apparaissaient sur les façades et qui font aujourd’hui la gloire douteuse de l’hôtel Lutétia.

La formation de l’architecte dans une telle optique ne méritait pas  un énorme investissement public. Du moment qu’on lui accordait un local et un guide, l’étudiant taillerait  lui même ses crayons.

Cette vision nous révoltait. Partout nous voyions que la technique changeait radicalement la manière de construire.  Des révolutions esthétiques  se produisaient  dans de multiples foyers, notamment en Italie et en Allemagne.  La profession paupérisée par la crise se voyait en plus attaquée par de nouveaux intervenants qui maîtrisant l’acier ou le béton   remettaient en cause le rôle de l’architecte.  Les étudiants étaient inquiets pour leur avenir. Même si la guerre qui menaçait conduisait à relativiser.

Certains voulaient protéger l’architecte au nom de la protection d’une mythique qualité architecturale.   D’autres voulaient protéger le client de l’architecte contre des manœuvres pas toujours claires des margoulins.  D’autres enfin pensaient sauver l’esprit français et  la notion du beau en enseignant les  bonnes pratiques. 

Entre essentialisme éthérée et médiocre corporatisme, la variété des postures était sans limite.  Jean Zay voulait surtout que l’accès à l’enseignement fut le plus ouvert possible. Moi même et mes amis nous insistions sur les moyens à accorder et l’ouverture technique de l’enseignement.

Jean Zay partit à la guerre.  Comme nous tous. Le nouvel Etat Français par l’intermédiaire du très distingué  M. Hautecoeur (nous l’appelions  « haut le cœur »)  crut devoir faire naître sur l’idée du faisceau professionnel (on n’était pas fasciste pour rien) un Ordre qui devait rassembler de façon unitaire toute la diversité de la profession afin d’en être la courroie de transmission vers l’Etat bienfaisant et paternel.  Le beau propre à la France éternelle règnerait désormais sur la construction.

Si on se détache des aspects purement politiques, le nouvel Ordre avait des fonctions modestes : tenir le Tableau  garantissant que l’architecte en était bien un, labellisé comme il faut ; faire respecter la déontologie.  Finies les dérives morales «qui nous avaient fait tant de mal ».

Mais peut-on se détacher des aspects politiques ?  L’Ordre instituait un MONOPOLE : toutes les parties de la profession devaient se rattacher à l’Ordre et il avait, et lui seul,  le dialogue avec les autorités.  Cet ordre se voulait moral, et donc se devait d’éliminer  les non conformes aux critères de la beauté de la Révolution nationale.  Il s’agissait bien d’une sorte d’épuration avec mise au pas. Le tout caché derrière des phrases creuses sur la beauté éternelle de l’architecture française pourvu qu’elle soit dans la lignée de Versailles et donc haussmannienne.  De moyens pour les étudiants et les études ? Evidemment pas un mot.

Réduits au silence nous n’en pensions pas moins.  Pour ma part je songeais  qu’il était inutile de tenir un tableau pour vérifier qu’un architecte avait un diplôme. Il suffisait que les écoles supérieures délivrent les certificats.  Quant à la déontologie, il y avait des juges pour cela. Le tenue d’une registre  centralisé aurait pu être l’affaire de quelque fédération ou d’un sous bureau au sous-secrétariat aux Beaux Arts.  L’enflure de l’Ordre ne laissait  pas d’inquiéter.

La profession d’architecte n’a jamais été « une ». Quel rapport entre un architecte libéral et un architecte salarié ? Entre un expert auprès des tribunaux et un architecte  fonctionnaire ?  Entre un constructeur de bâtiments neufs et un architecte d’entretien travaillant essentiellement pour les syndics ?  Entre un architecte mondain se contentant d’une villa par ci et d’une rénovation d’appartement par là et d’un architecte spécialisé dans les monuments historiques ? Tous ces métiers étant différents auraient du être représentés auprès des pouvoirs publics par des syndicats ou associations spécifiques.  Mais voilà : la loi supprimait les syndicats, « garants du désordre » !  Il était sûr que personne ne serait réellement représenté  et que le « führer » de la profession unifiée chercherait au nom d’un impossible  bien commun à défendre des visions bassement corporatistes pour consolider son empire.

La première grande sottise de l’Ordre fut de cautionner l’idée absurde que seule l’Ecole des Beaux Arts  délivrerait le fameux diplôme permettant d’accéder à la « prestation de serment » et à l’idyllique inscription à l’Ordre.  Cette mesure autoritaire et absurde provoqua une levée de boucliers légitime.  Il fallait diversifier les filières et permettre plusieurs modes d’exercice.  Il y eut reculade. Le reste de la politique de l’Ordre se perdit dans l’insignifiance ou la bassesse.  On élimina hypocritement de la profession des personnes n’ayant pas « les qualités morales requises ». En un mot les juifs et les métèques.  Glorieux moments !

La Libération malheureusement ne voit pas les corrections nécessaires. On change les hommes et c’est tout.  Le nouvel Etat est interventionniste. Il s’accommode d’une courroie de transmission certes un peu tâchée sur les bords mais qui lui paraît facile à contrôler. Il n’a pas tort. La docilité de l’Ordre sera toujours totale. Des médiocres devenus un petit quelque chose dans l’Etat et disposant de ressources importantes du fait de l’obligation de payer pour exercer,  sont toujours plus  à redouter pour leur profession que pour le complexe politico administratif. Ce ne sont rarement  les meilleurs qui cherchent l’onction élective et décorative  d’un Ordre.

L’échine profondément courbée devant les politiques, certains présidents de l’Ordre prétendirent bientôt  régenter le bon goût et le bon mode d’exercice.  Le pire fut atteint par le président Devaux qui n’hésita pas à attaquer des formes modernes d’architecture et nommément   Le Corbusier.  La tentation du leadership non seulement de  « La » profession (mythifiée) mais aussi de l’Architecture (remythifiée) par des médiocres, pas mythiques du tout ceux-là, est la déviation naturelle de cette institution perverse.

Naturellement, représentant tous les modes d’exercice et donc d’aucun, l’Ordre ne défends absolument pas les architectes  menacés  par les politiques arbitraires de l’Etat. Il se trouve que les politiques veulent construire vite et pas cher. L’architecte ? Un prétentieux  qui ralentit tout et grève les coûts.  Marginalisons-le et ruinons-le.  D’ubuesques présidents de l’Ordre drapés dans leur toge de dignitaire du Beau omirent tout simplement de s’opposer à ces projets.  Voici les architectes  grevés de contraintes, privés des libertés essentielles de création,  tenus à respecter des règles nouvelles de préfabrication et à faire place aux bureaux d’études, « tout de même plus sérieux ».

Pour l’enseignement, c’est pire. On organise le manque de moyens et le n’importe quoi. L’important c’est qu’il y ait de nombreux élèves.  Mai 1968 viendra donner le coup de grâce à l’édifice branlant.  L’architecte libéral est un bourgeois. Travaille-t-il dans un gros cabinet ? C’est un Koulak !  On en profite pour supprimer la dernière particularité de l’Ecole des Beaux Arts : son reste de pratique manuelle.  L’architecte devient un pur intellectuel qui suit des cours abstraits dans des unités universitaires au format standard.

L’Ordre suit par démagogie et fait parfois de la surenchère. L’inscription annuelle à l’Ordre, obligatoire, est mal ressentie par l’immense cohorte des jeunes qui sortent sans emploi des écoles et dont on encourage la multiplication : « plus nous serons nombreux plus nous serons forts ! ».  Supprimer les droits  pour les jeunes diplômés ? Que nenni. Qu’ils soient payés par « les gros » !   Les  « grosses » agences  se voient taxées soudain de sommes extravagantes sans aucune contrepartie.  Cela finira au tribunal.  Dans le même temps on exige de l’Etat la « répartition autoritaire des commandes ».  Pas question de laisser « quelques gros s’accaparer  la manne ». L’Ordre est prêt à pratiquer la répartition comme la FNSEA la distribution des subventions agricoles. Le résultat : ce sont désormais les architectes étrangers qui gagnent tous les concours publics !  Encore bravo !

Pendant ce temps là M. Giscard d’Estaing décide de ruiner les architectes «  coûteux et nuisibles à la bonne exécution des chantiers ».  Il supprime le forfait, protecteur, et passe la profession au bénéfice réel tout en lui imposant la TVA. Avec la législation sur le Coût d’objectif il encadre fortement les honoraires tout en faisant une place démesurée aux nouveaux intervenants : les mille et un types de bureaux d’études.  Un architecte ne gagne plus d’argent que s’il se contente de dessiner  les plans.  Tout le reste doit passer aux autres. Certains architectes se prêtent à ce jeu délétère.

Mais il faut qu’il garde toute la responsabilité. L’architecte devient courtier en assurances. Il n’a plus de pouvoir sauf celui de payer les dégâts d’où qu’ils viennent. On voit ainsi un homme seul (et responsable sur ses biens personnels) obligé d’indemniser un client du fait des erreurs d’énormes entreprises fournisseurs de matériaux défaillants ou de monstrueux monopôles de construction légèrement à côté de leurs obligations.  

Et l’Ordre pendant ce temps ?  Il se tait ou presque. La profession est dépecée. Il s’en contrefiche. De toute façon cela ne concerne que les architectes qui construisent, qui ne sont pas le fond de sa clientèle. Les Architectes sont globalement montrés du doigt  comme des monstres ayant crées des villes criminogènes, comme odieux bâtisseurs de tours et de barres, comme infects promoteurs de la cage à lapin pour humain déshumanisé. Non seulement il ne défends pas les architectes mais il joint sa voix au concert.  Qu’on lui donne encore plus de pouvoirs et d’argent et on verra quelle merveilleuse architecture sortira du sol en un clin d’œil !

En contrepartie l’Ordre négocie avec les pouvoirs publics une mesure aussi dérisoire que déplaisante : l’obligation du recours à l’architecte pour des  bâtisses de petite taille !  Cette mesure idiote fera beaucoup pour accroître le mépris public contre les architectes.

La dernière tare d’un Ordre national et obligatoire est le sentiment larvé mais tenace qu’il a de sa propre inutilité.  La tenue du tableau et la vérification d’assurance étant des tâches d’une très grande médiocrité (en général mal faites et même pas faites du tout pendant des années, concernant la vérification d’assurance),  il faut absolument  trouver une légitimité ailleurs. Et si on monopolisait aussi tous les services aux architectes ?  La Mutuelle des Architectes ? Elle devrait être gérée par les équipes de l’Ordre ! La formation continue ? Bien entendu…

La Mutuelle saura résister, en partie grâce à moi. Mais  que de services mal gérés centralisés dans les Ordres.  Jamais on aurait du laisser des tâches de formation à cet organisme géré par des amateurs.  Cela lui permet de faire l’intéressant auprès des jeunes générations d’architectes qui découvrent bien vite que tout cela est vide et creux. Qu’il ne s’agit que d’un  détournement de pouvoir et de fonds.

En 1985, soit  près de 50 ans après que j’ai commencé à être mêlé à ces questions, je persiste et signe. Il faut supprimer l’Ordre et laisser à une multitude d’organisations spécialisées le soin de défendre les intérêts matériels et moraux  des différents modes d’exercice du métier d’architecte. Il faut renforcer la mutualisation. La réforme de l’enseignement reste à faire qui consiste à donner des moyens enfin sérieux à un enseignement qui doit être sélectif et toujours  plus technique  mais qui doit aussi conserver le contact avec la main, avec la pratique, avec la vie, avec les artistes,  et les beaux arts dans toute leurs formes.

 Il n’y a plus d’architecture individuelle aujourd’hui. Il faut des cabinets forts et internationaux.  C’est le développement de ces nouvelles entités qui forgeront l’architecture française du futur et son éventuel renom qu’il faut encourager.  Et il faut que mille forces différentes encouragent la liberté de concevoir  et les libertés de création,  constamment réduites par des forces  toujours renaissantes. 

L’architecte devrait être libre et partout il reste en France dans les fers ! 

On n’aura pas de grande architecture française sans architectes libres, bien formés et exerçant souvent dans des agences de dimension mondiale.  Il n’y a pas besoin d’Ordre des Architectes pour cela. Avec l’émergence de l’Europe, on voit bien que la singularité de l’Ordre français est totalement décalée.

On peut supprimer cette anomalie française !

Créteil : le triomphe d’un urbaniste qui ne voulait pas faire d’urbanisme !

Pierre Dufau l’a dit et écrit souvent : « à Créteil, il était impossible de faire de l’urbanisme » !  La phrase comme souvent avec lui était un peu provocante.  Il voulait dire que Créteil, cela ne pouvait pas être Shandigar ou Brasilia, un vaste  geste d’urbanisme  héroïque mêlant  théorie  et table rase.  Il ajoutait : « C’est pour cela que j’y ai mis toute l’expérience d’une vie d’architecte et d’urbaniste, toutes mes ressources d’analyse et  de prospective,  toute ma sensibilité en faveur d’une population dont l’essentiel serait composé de nouveaux arrivants, donc de déracinés ».

Que les difficultés étaient énormes ! Et qu’elles étaient variées !

Politiquement  la création du nouveau Créteil est une création gaulliste. Pierre Billotte a le soutien politique nécessaire pour faire  le projet urbain dont il rêve.  C’est l’âge du « pompidolisme », comme on le dit d’une façon un peu péjorative, c'est-à-dire le dernier éclat des « trente glorieuses », avec son soutien sans faille à la croissance et son « gaullisme immobilier ».  On peut voir grand et innovant.  Mais rapidement  c’est Giscard d’Estaing et la rupture à droite. Et depuis Epinay le Parti socialiste est en plein essor avec une vision très marquée à gauche et une Union avec le Parti communiste. En 1973, Mitterrand manque de peu l’élection présidentielle. 

Du côté de la Haute Administration, ce n’est pas la guerre, pas encore  mais au moins la paix armée.  Les hauts fonctionnaires voient d’un très mauvais œil la création d’une ville nouvelle par le privé   en rupture avec la politique publique des grandes « villes nouvelles » qui commencent déjà) à donner de graves signes de difficulté.  Les « peaux de bananes » et les chausse-trapes,  enfin tout ce qui fait le charme de haute administration publique en France lorsqu’elle est mécontente,  se construisent en sourdine dans l’attente du meilleur moment pour mettre des bâtons dans les roues.

L’économie n’est pas fameuse non plus. La Guerre en Israël et le premier choc pétrolier vont provoquer la première grande crise depuis la guerre de quarante mettant notamment en difficulté le secteur immobilier privé.  Or c’est la banque spécialisée dans l’équipement, la Compagnie Bancaire, qui est à la manœuvre avec l’appui d’un grand nombre de promoteurs et de leur banque.  Il va donc y avoir nécessairement de la casse.  L’intense construction de logement devra trouver preneur dans une phase difficile de la conjoncture.

La zone à urbaniser est elle-même d’une grande difficulté.  Elle est totalement morcelée par les autoroutes et les voies de chemins de fer.  Les services de l’Etat ont déjà fait leurs tracés routiers sans aucune idée d’ensemble ou d’orientation.  A l’urbanisme de se débrouiller.  La voie de chemin de fer est en surface et personne ne veut plus entendre qu’il faut  l’enterrer.  Les promoteurs veulent un succès rapide du centre commercial régional qu’ils ont prévu quasiment à la place d’un centre ville.  Ils ne veulent rien savoir d’un déplacement possible.   Les terrains sont pour la plupart des  gravières ou des marécages malsains qui expliquent la faible densité urbaine de l’endroit.

Les premières initiatives urbaines modernes  ne sont pas marquées par le sceau de la prescience. On a laissé s’étaler une gangrène pavillonnaire autour de l’ancien village de Créteil et on a construit à Montmely un « grand ensemble » avec toute la perversité habituelle : pas d’emplois ; pas de transports en commun.

Des facteurs positifs sont néanmoins  présents : l’idée d’un lac immense qui donne le ton de la ville nouvelle  tout en drainant les eaux stagnantes, s’est concrétisé. Il faudra la valoriser mais c’est un atout incontestable.  Les politiques autour du Général Billotte sont bien décidés à obtenir de l’Etat les équipements publics qu’il faut : hôpitaux, préfecture,  transports en communs.

Surtout l’accord se fait très vite entre Pierre Dufau et les politiques  sur le programme général autour de deux concepts  clés : polyvalence ; mixité.  Pierre Dufau est un théoricien engagé de l’ardente obligation d’un programme.  On ne peut construire une ville sans avoir une vue prospective, des statistiques, et des principes directeurs.  Il écrit des dizaines de textes  et même un livre là sur ce sujet.  Alors il obtient son programme : une ville équilibrée qui devra pouvoir accueillir 100.000 mille habitants.  Des équilibres devront être trouvées entre :

-          Voies pour les voitures, respect des piétons

-          Transports privés et transports publics

-          Emplois publics et emplois privés

-          Habitations et bureaux

-          Tertiaire et activité industrielles.

-          Habitat social, habitat aidé par le public.

Créteil est sans doute la seule ville nouvelle qui ait été créée avec  la volonté farouche que les emplois soient là AVANT les habitants.  C’est aussi une ville qui accepte l’industrie.  Des bureaux il y en aura, évidemment bien placés auprès des arrivées des transports en commun.  Le reste c’est un effort de micro urbanisme dans tous les secteurs géographiques pour faire coexister tout cela.

On reconçoit les espaces d’habitation ; on injecte une idée de promenades à travers les espaces verts et au dessus des milles voies qui sectionnent le terrain en tous sens ; on veut que le tour du lac soit un plaisir. Les loisirs et l’environnement sont soignés, bien avant que ces thèmes trouvent une expression politique.  On refait les plans routiers cette fois là avec une idée directrice et des orientations précises.

Ce que veut Pierre Dufau c’est une ville où l’on peut vivre complètement sans avoir à  fuir ailleurs comme un dératé pour échapper aux milles inconvénients de la vie moderne.  Chaque famille doit pouvoir vivre et travailler à Créteil, s’y détendre et y déployer son temps libre, habiter confortablement et avec plaisir, accéder facilement aux commerces  et aux services publics nombreux.  Cela doit être une ville saine et dynamique.  On doit être fier d’y être venu et heureux  d’y vivre.  Alors riches et pauvres doivent le plus possibles coexister.  On ne  «zone » pas la misère.  HLM et habitats moyens et de luxe se côtoient sans friction.

Du point de vue du pilotage urbanistique   Pierre Dufau innove.   Il a trop connu trop d’urbanistes et d’architectes en chef imbus d’eux-mêmes et de leur autorité  qui entendent être «  les tsars et les stars » de leur petit domaine.  Il choisit 100 architectes de qualité et leur tient le même discours :

-          Voilà les idées directrices ;

-          Voilà les chiffres clé ;

-          Voilà l’explication de la manière dont l’urbanisme de votre parcelle a été conçu ;

-          Donnez-vous à fond. Je ne vous donne aucune indication architecturale formelle particulière ; faites valoir votre talent.

Tout ne sera pas réussi mais aucun architecte n’aura pu dire à Créteil qu’il a été borné dans son élan par des gardes chiourmes tatillons.  Pierre Dufau conçoit son rôle comme un avocat des architectes auprès des autorités, faisant comprendre,  faisant admettre, corrigeant de ci de là, par la parole et la conviction plus que l’autorité.  Aux promoteurs  et aux maîtres d’ouvrage de faire entendre leurs besoins.  L’architecte en chef n’a qu’une ambition : défendre le futur habitant.  Il ne faut pas qu’une œuvre particulière porte atteinte à l’ensemble et soit en défaut par rapport aux axes généraux. 

Les circulations piétonnes doivent être particulièrement soignées, alors que jusqu’ici beaucoup  d’architectes ne savaient même pas qu’il fallait en tenir compte au-delà de l’alignement sur le trottoir. Mais justement, il n’y a pas partout de trottoir ni toujours d’alignement. Il faut être un peu plus créatif que cela.  D’accord pour les usines mais propres et intégrées dans des ensembles paysagers.  Les rideaux d’arbres et les haies deviennent obligatoires à la grande surprise de certains industriels peu habitués à des exigences  aussi  « vertes ».   Les bâtiments publics doivent être exemplaires et de qualité.  Il donnera l’exemple avec la Mairie de Créteil une de ses meilleures réalisations.

Jamais une ville nouvelle n’aura été construite aussi vite et pratiquement entièrement par le secteur privé.  En dépit d’une récession  économique grave et des polémiques incessantes.

Vous pensez bien : une ville nouvelle construite par le privé, sous la tutelle des banques,  par le « gaullisme immobilier », sous la houlette de l’architecte des « banques juives »,  sous la direction d’un militaire (le général Billotte) tout cela en pleine période post soixante-huitarde !

Quelles sont les critiques principales ?

La première, la plus injuste,  porte sur une prétendue « non concertation avec la population ».  Pierre Dufau qui n’a jamais manqué d’humour dira lors d’une réunion publique houleuse : « Avec qui devions parler sur les sols marécageux  vides de toute habitation : les grenouilles ? Je ne parle pas grenouille et le saurais-je que je ne suis pas sûr  que cela m’aurait beaucoup aidé ».  « Dans les parties occupées de Créteil, nous ne faisions rien.  J’ai mis sur le terrain en permanence un  salarié de l’agence pour faire toutes les liaisons utiles.  Les sentiments exprimés étaient toujours les mêmes et d’une certaine façon bien légitimes : on a peur de la nouveauté et des nouveaux venus. Il fallait inlassablement rappeler que ce qui venaient aussi c’étaient des commerces, des moyens de transports, des emplois et des services publics,  des zones de loisirs, des cinémas  et tout cela dans une ambiance moderne et dynamique ».  

Pour lui la vérité du dialogue avec la nouvelle population  était à chercher dans un indicateur : l’envie  ou la répugnance des candidats au logement à venir, à louer ou à acheter.  On n’attire pas les mouches avec du vinaigre.  La très bonne commercialisation des bureaux et des logements en dépit de la crise économique a donné une grande partie de la réponse.

Quant aux habitants anciens ils ont vite constaté qu’on allait à Paris en 30 minutes au lieu de deux heures et demi,  qu’on disposait désormais de centres hospitaliers de classe mondiale,  que les services publics étaient là, les bibliothèques, les médiathèques, les cinémas, la maison de la culture, la base lacustre, les équipements sportifs, toute chose dont ils n’avaient même pas oser  imaginer  dans leurs rêves les plus fous !  Ils sont non seulement restés mais leurs  enfants ont pu faire souche car il y avait des logements à tous prix et des emplois !

Au-delà des inévitables crispations politiques,  que reste-t-il des slogans les plus rudes  de l’époque ? Rien.  Et c’est très bien ainsi.

Une autre polémique, urbanistique celle là, porta sur les cheminements piétonniers et les passerelles : c’était ridicule ; les habitants ne les utilisaient pas parce qu’ils avaient peur ;  etc.  Puis vint l’expérience de la vie : d’abord des demandes de visite de tous les coins du monde.  Des architectes et des délégations étrangères  voulaient voir ces chemins piétonniers et prenaient des notes.  La ville s’est densifiée. Les cheminements  sont devenus  très pratiqués.  L’écologie est devenue à la mode. Les craintes ont disparus.   Qui veut la suppression des passerelles et des chemins aujourd’hui ?

La dernière polémique que nous passerons en revue étonnera sans doute un peu.  Des voies multiples s’élevaient pour expliquer que les bâtiments publics étaient trop beaux, l’architecture, pourrie d’esprit bourgeois, trop luxueuse, l’infrastructure publique trop chère etc.  « C’est une insulte à un pauvre que de lui faire côtoyer la beauté » éructait un bel esprit germanopratin.  « De toute façon », trouve-t-on dans une étude universitaire de l’époque, « il sera  impossible d’atteindre les objectifs que la ville s’assigne. 100.000 habitants c’est impossible. La ville est vouée à la faillite ».

Trente ans plus tard que reste-il de ces fumerolles ? Rien.  Créteil est une ville qui a une bonne image de marque réfléchissant des thèmes de dynamisme, de bien être  et de réussite. Rien à voir avec celle de Melun Sénart, de Cergy Pontoise ou de Marne la vallée.  Elle a atteint en 2008 pratiquement son peuplement initialement prévu de 100.000 habitants.  Tout le monde vante les bénéfices des équilibres recherchés.  Pas de violence urbaine caractérisée comme dans le 9_3 !  Le taux d’emploi est un des meilleurs de la Région Parisienne. L’importance de la verdure et du lac  a conduit à pousser la ville vers sa reconnaissance comme ville fleurie.  On espère pouvoir désormais compter sur le tourisme : vous vous rendez compte, dans une ville nouvelle, espérer avec réalisme le succès d’une politique de tourisme !  Une cinquantaine d’œuvres architecturales sont considérées comme majeures et Créteil est pratiquement la seule ville à mettre sur ses prospectus des photos  de bâtiments modernes !

Tout cela est la preuve que les conceptions urbaines de Pierre Dufau étaient justes. Après son départ elles n’ont d’ailleurs jamais été remises fondamentalement en cause.   Créteil est un grand succès.  Comme tous les grands succès il appartient à tous et il est vrai qu’il y a une dynamique du succès et la réussite appelle la réussite. 

Tirons un grand coup de chapeau à l’architecte et à l’urbaniste qui a su se battre pour que toutes les conditions du succès se rassemblent là où toutes les conditions d’un échec retentissant étaient réunies.

Présentation générale du blog Pierre Dufau

Nous sommes désormais dans l’année du Centenaire de la naissance de l’architecte Pierre Dufau  qui dirigea le plus grand cabinet français pendant les trente glorieuses.  Un site spécialisé a été mis en place qui a pour vocation de faire voir le maximum de réalisations de cet architecte à succès  qui fut aussi un des grands urbanistes de son époque.  La plupart des photos en couleur récentes ont été réalisées pour la Comité du Centenaire Pierre Dufau par Didier Dufau, un de ses fils.  Les autres  proviennent de l’immense photothèque de l’agence qui comporte plusieurs milliers de photos, hélas le plus souvent en noir et blanc.  La plupart des photos ont été réalisées par les photographes attitrés de l’agence : Yves Guillemaut, Florence Duprat et Christian Carez.  Certaines photos proviennent de sources inconnues, coupures de presse, photos non catégorisées, etc. 

Le Blog a pour but de compléter les informations du site notamment avec des textes et commentaires de Pierre Dufau lui-même ou des analyses architecturales  concernant des œuvres  particulières.

Pierre Dufau a été un très grand défenseur de la profession d’architecte et son talent de polémiste l’a fait participer à nombre de débats qui ont aujourd’hui encore toute leur actualité.  Le Blog éclairera certaines problématiques d’aujourd’hui avec  la vision exprimée naguère par Pierre Dufau.  L’actualité de Pierre Dufau est criante.  Il suffit de relever le « coup de gueule des architectes » tel qu’il a été poussé dans le Monde du lundi 30 juin 2008 et qui est l’écho 40 ans plus tard du même coup de gueule lancé par Pierre Dufau !  Ou de songer au débat actuel sur le retour des  tours à Paris, qui s’est endormi d’un profond sommeil architectural pendant 40 ans comme le craignait  Pierre Dufau.  Logement social, place des bureaux dans la ville, problème de l’automobile,  mixité des hommes et des types d’activité, réforme des Ordres, toutes ces questions qui ont été  au cœur des combats de Pierre Dufau depuis qu’il représentait les étudiants de Paris  auprès de Jean Zay pour la première grande réforme du statut d’architecte,  le sont toujours.

Ce blog nous l’espérons permettra de rendre compte également des initiatives qui seront prises pour faire participer le maximum d’institutions à ce centenaire.  

Il est là également pour permettre à tous ceux qui ont connu ou qui s’intéressent à Pierre Dufau de réagir.

Architecte ou urbaniste sur des chantiers immenses, les positions de Pierre Dufau se sont souvent trouvées associées à de terribles polémiques, souvent extérieures à ses propres conceptions.   Fallait-il dégager ou non la cathédrale d’Amiens, ce chef d’œuvre qui devenait soudain visible après les terribles destructions faites par les bombardements ?   Fallait-il figer Paris dans sa coquille haussmannienne ?   A-t-on gagné à la décentralisation  et au passage de la dictature des règlements à la dictature des maires ?  Doit-on toujours considérer les architectes comme des vaches à lait que l’on ruine devant les tribunaux et que l’on transforme en agent d’assurance ?  Comment promouvoir une architecte de qualité en France et la faire connaître ?

Evoquer toutes ces questions, voilà l’objectif  de ce blog ouvert à tous les commentaires.

Le Comité du Centenaire.



Le blog du centenaire de la naissance de Pierre Dufau

PIERRE DUFAU (1908-1985) A ETE PRESENTE COMME L'ARCHITECTE FRANÇAIS DES TRENTE GLORIEUSES.
Avec plusieurs centaines de missions d'architectures et d'urbanisme et plusieurs dizaines d'oeuvres majeures, il est représentatif d'une période de l'histoire de l'architecture française certes controversée mais essentielle. Le présent blog est ouvert à tous ceux qui ont connu Pierre Dufau et qui souhaitent témoigner soit de leur collaboration dans une des nombreuses agences qu'il a dirigé et à tous les apports qui peuvent compléter les textes et les photos du site officiel de Pierre Dufau.

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